Tuesday, August 01, 2006

La Peur de Gagner...

J'ai toujours ete convaincu que le vrai colonialisme de nos jours se fait a travers l'education. Un outil plus efficace et moins evident a contrer. Beaucoup d'entre nous, Libanais, un peu partout dans le monde, (Liban inclus) actifs ou passifs en ces temps de conflits qui subissons cette guerre a travers le net, la television, le regard des autres, nos memoires et surtout notre coeur, avons recu une education occidentale des fois plus poussee que les occidentaux eux memes. La je ne parle pas (uniquement) de diplomes, mais d'education civique, philosophique et culturelle. Pour certains s'ajoute aussi l'heritage religieux originaire de Rome, Constantinople ou d'ailleurs.

Ayant donc acquis d'une facon ou d'une autre et a differents degres cette pensee occidentale, on a ete impregne aussi par ces valeurs et ces references. Notre jugement des faits, des personnes, des causes pour lesquelles on se bat, est le resultat de notre moi, et de tout un tout et donc aussi (ou surtout) de cette formation occidentale. Ceci peut consituer un atout enorme. Mais cette epee est a double tranchant.

Aujourd'hui on lit le discours de Hassan Nasrallah, precede en general par une photo de lui, grondant et en colere, portant peut etre une arme, ou on l'ecoute et le logo du manar bien present dans notre esprit se transforme en une croix gammee. On est deja partial, on est deja pret a tirer. On lit, mais on ne lit pas, on cherche plutot, la faute, l'erreur, la logique accablante qu'il ne fallait pas faire qui nous reconforte dans notre choix d'etre pseudo occidental.

Il n'est pas de mon objectif de defendre cet individu en particulier ou tout autre turbanise. Il n'en a pas besoin. Mais comme le dirait Dostoïevski a sa facon, l'idiot le plus malheureux est celui qui est conscient de son idiotie. Il m'arrive des fois en suivant les nouvelles de mettre en doute les propos d' Al Manar (porte parole de la resisitance) meme celui d'Al Jazeera en attendant la confirmation de Haaretz, alors que preuve a l'appui, quand il s'agit des bilans de cette guerre les deux premieres sources sont plus sures. Mais que faire, je suis touche de ce mal qu'est l'occidentalisation de mon jugement. (j'espere que vous avez compris que je cherie ma formation pluridisciplinaire mais je remets en cause mon reflex primaire de juger les non-occidentaux. La chose devient grave quand ceux la ne sont autres que mes concitoyens qui se battent comme ils le disent pour liberer ma nation. C'est exactement en ces mots de "comme ils le disent" que reside le vrai probleme qui explique, aussi, chez certains la peur de gagner.

On ecoute Bush on reconnait sa stupidite son ignorance et regarde de pres son bilan et on ne voit que du rouge. Mais encore, on est plus predispose a le croire que ce meme Nasrallah. (Au fait a part, ironiquement, les Israeliens qui parait-il ont apprit a prendre au serieux ces propos- pas nous).

Le dernier discours du Sayyed, (traduit en francais, voire le link d'a cote) a, a mon humble avis, atteint un niveau de nationalisme et d'integrite rarement vu dans cette region et a travers son histoire contemporaine. Certainement, comme pour chaque autre discours on pourra le tourner puis le retourner, reduire sa portee, le terroriser. Mais si on trouve le courage de se concentrer uniquement sur son contenu, ce discours offre clairement un message d'union, porteur d'espoir et de reconfort. Un message d'un grand chef libanais (fiere de son arabite et de son heritage) qui s'adresse a tous ses comptriotes libanais.

Il est du droit bien sure de tout un chacun de ne voir en ce discours qu'une autre propagande turbanisee a laquelle notre cote occidental nous immunise. Mais en faisant cela on coupe tous les ponts de communication avec une bonne partie des libanais qui - en principe - on a decide de cotoyer. Toutes ces entraides (des citoyens chanceux recevant les moins chanceux) qu'on voit sur le terrain, ce melting pot libanais sponsorise par Israel, qui nous remplissent d'espoirs ne sauront subir le choc de notre mefiance intolerante et destructrice.

Dans mon message d'hier j'essayais de defendre la these de l'union, une union derriere la resisitance en ces temps de guerre. Ce choix sonnera plus fort et plus loin s'il est fait sans cette mefiance et cette peur de l'autre. Son echos sera alors plus triomphant et plus glorifiant pour nous tous.

Certains pourront citer la revolution iranienne de 1979 (naturellement presente dans nos esprits dans ce contexte) comme example ou la gauche, plutot laique mais shiite quand meme, a laisse faire les islamistes dans leur cause commune de detroner le shah. Ils payent disent-il encore le prix de leur choix.
Mais nous oublions que notre lutte et notre milieu sont bien bien differents. Les irianiens a plus de 95% shiites, se battaient pour prendre leur destin en main, pour prendre le pouvoir. Le gagnant a impose son ideologie. Dans notre cas, on est loin de la monocouleur religieuse (les differends de nos jours entre sunnites et shiites sont encore plus importants qu'entre chretiens et musulmans, que d'ailleurs Nasrallah et bien d'autres en n'ont jamais profites), et surtout que notre lutte se concentre sur un ennemi externe bien identifie qui a merite son nom chez toutes les factions. Il est peut etre temps de faire confiance a cette resistance, rien qu'en se basant sur la facon dont elle a gere sa victoire de 2000 et de 2004.
Certains diraient que cette guerre nous a ete imposee et notre choix n'a jamais compte et ne comptera pas. D'autres ont choisi de rechercher une ladite troisieme voie (peut etre Marxiste ou encore pour etre local Kassirienne), toujours parait-il introuvable... Mais la n'est pas le point. En faisant confiance a la victoire de la resistance on ne devient pas islamiste ou pro-iranien, anti americain ou europeen. En faisant confiance a la victoire de la resistance, on opte pour nos droits pour la confiance et l'espoir. Cette victoire aujourd'hui est plus que necessaire, adoptons la comme la victoire de tout le pays, ce pays qui aujourd'hui en sa totalite souffre et meme agonise, ce pays qui en a si besoin. La victoire est porteuse de paix et d'espoirs, la defaite elle, ne saura que nous mener dans l'inconnu. N'ayons donc surtout pas peur de gagner...

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